Dans toutes les tailles d’organisation, au Québec comme ailleurs, le rôle de CFO change à grande vitesse. Les cycles de transformation s’accélèrent, la technologie bouleverse les opérations, les exigences ESG montent et les investisseurs réclament transparence et capabilité d’exécution. Dans ce contexte, le CFO, VP finance, ou directeur des finances ne peut plus se limiter à produire des états financiers impeccables. Il doit devenir un catalyseur de transformation, capable d’orchestrer des changements complexes, de créer des récits clairs qui mobilisent, et de bâtir des ponts durables entre la stratégie, les données et l’humain.
Le CFO catalyseur ne « rapporte » pas la performance, il l’orchestre.
Pourquoi la fonction traditionnelle atteint ses limites
Superviser la trésorerie, piloter la clôture, répondre aux auditeurs et garantir la conformité restent essentiels. Mais ce socle n’est plus suffisant pour naviguer la prochaine décennie. Deux dynamiques rendent la posture purement transactionnelle caduque.
- Accélération technologique. L’automatisation, l’intelligence d’affaires, les ERP intelligents, l’analyse prédictive et l’IA font basculer la finance vers le temps réel. Les arbitrages stratégiques se prennent sur la base d’analyses immédiates, pas uniquement à la fin du mois. Cela demande un CFO qui comprend la donnée, la gouvernance analytique et les cas d’usage concrets d’automatisation.
- Pression des parties prenantes. Les conseils d’administration, les investisseurs, les régulateurs et les talents exigent des réponses sur le risque, l’impact et la création de valeur à long terme. L’ESG n’est plus un à-côté, il façonne le coût du capital, les priorités d’investissement et le discours de marque. Les nouveaux référentiels de durabilité IFRS S1 et IFRS S2 en sont un signal fort, avec des attentes précises sur les risques et opportunités durables financièrement matériels.
Les nouvelles dimensions du leadership financier
Quatre univers s’entrecroisent et redéfinissent la mission du CFO moderne.
1) Révolution numérique et fintech. Un CFO pertinent sait sélectionner, intégrer et rentabiliser des solutions financières cloud, des plateformes d’analyse avancées, des processus d’automatisation et des outils d’IA générative orientés vers la finance, la planification et le contrôle interne. Cette compétence ne relève pas seulement des purs professionnels des technologies de l’information (TI). Elle touche à l’architecture des données, à la valeur métier, à la gestion du changement et à la priorisation des cas d’usage à fort ROI. Les équipes de finance les plus performantes combinent ingénierie financière et intelligence d’affaires pour éclairer la stratégie de tarification, sécuriser la marge, accélérer la clôture continue et fiabiliser les prévisions.
2) Impératif ESG. L’adoption des normes ISSB transforme la finance en chef d’orchestre de l’information durable. Il faut cartographier les risques et opportunités, structurer des indicateurs reliés à la performance financière et déployer des contrôles robustes. Le cadre de contrôle interne sur l’information de durabilité proposé par le COSO aide à professionnaliser ces pratiques et à les ancrer dans la gouvernance d’entreprise.
3) Cybersécurité financière. Les flux financiers et les systèmes ERP sont des cibles pour la fraude et les attaques. Le CFO doit maîtriser le langage des cyberrisques, relier les menaces aux impacts financiers, évaluer l’appétence au risque, dimensionner les investissements de mitigation et articuler un plan de continuité. Le cadre NIST CSF 2.0 offre un référentiel pragmatique pour structurer cette démarche avec la DSI et la gouvernance.
4) Leadership sans frontières. Le CFO catalyseur influence le conseil, challenge le CEO avec bienveillance, embarque les opérations, le marketing et les RH, et rend la finance co-propriétaire de la stratégie. Il doit traduire la complexité en décisions actionnables, puis en histoires mobilisatrices. Les soft skills deviennent alors aussi décisives que la technique.
Ce que révèlent les parcours qui réussissent
En accompagnant des dirigeants et en observant des trajectoires au Québec et au Canada, cinq constantes se dégagent chez les CFO transformateurs.
- Intelligence émotionnelle au premier plan. Gérer une salle de conseil tendue, piloter une restructuration ou rassurer des investisseurs inquiets ne s’apprend pas dans un manuel d’IFRS. L’auto-maîtrise, l’empathie et l’écoute active réduisent les frictions, accélèrent les décisions et soutiennent l’exécution. La littérature sur le leadership confirme que l’intelligence émotionnelle augmente la qualité des décisions et la performance des équipes, un levier critique pour la direction financière.
- Curiosité avant l’expertise. Les meilleurs CFO posent les bonnes questions, challengent les pratiques établies, testent de nouvelles approches et apprennent de manière continue. Dans les projets d’IA en finance par exemple, ils privilégient des pilotes rapides avec métriques claires, plutôt que de grands programmes descendants.
- Influence sans autorité. Le directeur financier de demain ne se limite pas à son organigramme. Il rassemble, arbitre, fait avancer les décisions complexes en s’appuyant sur des faits, de la clarté et des alliances durables.
- Résilience sous pression. Les transformations rencontrent des résistances. Tenir le cap, absorber l’incertitude, protéger les équipes et garder la clarté d’intention sous stress devient une signature de leadership.
- Communication stratégique. Transformer un diagnostic financier en récit simple, visuel et orienté action change la vitesse d’exécution. Le CFO catalyseur fait du langage un outil d’alignement culturel.
Reconnaître les bons signaux (et les pièges à éviter)
Le directeur financier traditionnel atteint ses limites quand les réunions regardent seulement dans le rétroviseur, quand la finance freine plus qu’elle n’accélère et quand les projets stagnent faute d’analyse économique crédible. À l’inverse, un leader financier transformateur se repère quand il est co-auteur de la stratégie, consulté spontanément par les autres fonctions, quand il inspire confiance aux investisseurs et quand son équipe marque des gains visibles de compétences et d’influence.
Les pièges à éviter:
- Confondre transformation et disruption. Casser des processus sans reconstruire des mécanismes de création de valeur est la voie rapide vers la défiance.
- Négliger l’alignement culturel. Un CFO brillant sur le papier échouera si sa vision heurte la culture interne. Adapter la cadence, co-concevoir avec les équipes et ritualiser les «quick wins» sont essentiels.
- Sous-estimer la courbe d’apprentissage. Même les profils expérimentés ont besoin de temps pour s’approprier les dynamiques, tant formelles qu’informelles. Le responsable de la transformation doit veiller à préserver cette phase d’adaptation.
Faire grandir un CFO à l’interne
Recruter à l’externe n’est pas l’unique option. De nombreuses organisations choisissent de développer leurs talents pour occuper les rôles de VP finance ou de directeur des finances. Les ingrédients qui fonctionnent le mieux sont connus.
- Exposition progressive aux enjeux stratégiques. Inviter les hauts potentiels à certaines séances du conseil, aux revues trimestrielles clients, aux arbitrages CAPEX et aux comités de risques.
- Formation continue ciblée. Fintech, intelligence d’affaires, ingénierie financière, stratégie d’IA, gouvernance de la donnée et audit analytique. L’objectif est d’outiller les équipes pour passer de l’analyse descriptive à la recommandation prescriptive.
- Mentorat croisé. Travailler en binôme avec un directeur financier issu d’un autre secteur favorise l’ouverture, l’échange de bonnes pratiques et le renforcement de la confiance en soi.
- Projets transversaux. Donner les clés d’un chantier IA en payables, d’un pilote de clôture continue ou d’un programme ESG matérialise l’apprentissage. Sur l’ESG en particulier, l’adossement aux normes ISSB et aux Green Bond Principles de l’ICMA renforce la crédibilité auprès des investisseurs.
L’intelligence artificielle, l’ESG et la vitesse des cycles
Selon une étude de PwC datant de 2025, la grande majorité des directeurs financiers estiment que l’IA transformera leur rôle au cours des trois prochaines années, ce qui pousse plusieurs VP finance à approfondir leurs connaissances pour soutenir leurs objectifs de carrière. Au-delà des chiffres, la tendance est claire. L’IA passe de l’assistance à l’agentivité, avec des agents capables de coexécuter des tâches complexes sur plusieurs systèmes.
Les cas d’usage concrets en finance sont nombreux: rapprochements automatiques, détection d’anomalies, prévisions de trésorerie plus fines, scénarisation de marge avec probabilités, analyse de sensibilité des plans commerciaux, et accélération du DSO via des priorisations intelligentes.
Cette montée en puissance impose une gouvernance de l’IA et des données: qualité, explicabilité, gestion des biais, sécurité, respect des réglementations et clarté des responsabilités. Les Principes de l’OCDE sur l’IA constituent un point de repère utile pour encadrer ces enjeux au niveau de l’organisation.
Plus la technologie progresse, plus l’avantage concurrentiel vient des compétences humaines. L’empathie permet d’anticiper les résistances, l’intuition aide à poser les bonnes hypothèses quand les données sont incomplètes, la créativité ouvre des chemins d’exécution plus rapides. C’est particulièrement vrai en cybersécurité financière, où la collaboration DAF-DSI-Risques, adossée à un langage commun comme le NIST CSF 2.0, réduit l’exposition tout en protégeant la continuité d’activité et la confiance des marchés.
Mesurer ce qui compte vraiment
Le CFO catalyseur se juge sur son impact, pas seulement sur la précision des chiffres. Des indicateurs utiles incluent:
- Vitesse et qualité des décisions. Taux d’adoption des recommandations, cycle moyen de décision pour les investissements et les arbitrages majeurs, niveau d’alignement perçu par les équipes non financières.
- Création de valeur data et IA. Réduction mesurable des délais de clôture, amélioration de la fiabilité des prévisions, gains de productivité documentés par cas d’usage d’automatisation, qualité des contrôles et auditabilité des modèles.
- Trajectoire ESG. Taux de couverture des indicateurs matériels, robustesse des contrôles sur l’information de durabilité selon une grille COSO, lisibilité du récit stratégique et crédibilité auprès des investisseurs.
- Impact humain. Engagement des équipes finance, mobilité interne réussie, parité dans les rôles clés, perception de la finance comme partenaire de croissance par les autres fonctions.
L’essor des soft skills réinvente aussi le calcul du ROI. Les organisations qui investissent dans l’intelligence émotionnelle, l’art de convaincre et la communication stratégique constatent des gains tangibles: moins de friction dans les projets, cycles d’adhésion plus courts, décisions plus robustes et exécution plus rapide. La méthode consiste à établir une base de référence, déployer un programme ciblé, puis suivre l’évolution de métriques comme le délai de validation des projets d’investissement, le taux de succès des chantiers transversaux et la satisfaction des partenaires internes.
CFO, VP Finance, Directeur financier: portrait du profil gagnant
En synthèse, le profil qui s’impose coche les cases suivantes:
- Architecte numérique des données. Il comprend l’architecture finance-ERP-BI, parle le langage des scientifiques des données, priorise les cas d’usage IA à fort impact et sait cadrer une feuille de route de transformation mesurable. Il voit la transformation numérique comme un moyen au service de la stratégie.
- Intégrateur d’ESG et de performance. Il connecte les enjeux climat, sociaux et de gouvernance aux risques financiers, au coût du capital et au plan d’investissement. Il s’appuie sur IFRS S1 et IFRS S2 pour structurer un reporting utile à la décision.
- Gardien de la résilience. Il place la cybersécurité, la continuité et la robustesse des contrôles au cœur du design des processus. Il travaille avec la DSI sur des priorités claires, référencées à des cadres reconnus comme le NIST CSF.
- Leader de leaders. Il attire, fait grandir et retient les talents. Il sait que l’on gagne par l’équipe. Il met en scène la réussite de ses collaborateurs et tire vers le haut le directeur des finances de demain.
- Communicateur stratégique. Il transforme la complexité en clarté. Il sait convaincre un conseil d’administration, un comité produit, un partenaire bancaire ou un syndicat d’investisseurs. Il crée un récit mobilisateur, adossé à des faits, qui accélère l’exécution.
Comment passer à l’action dès maintenant
Trois mouvements concrets pour enclencher la transformation de votre entreprise:
- Faire un diagnostic éclair. Cartographiez votre portefeuille de projets finance, vos capacités data et vos compétences clés. Identifiez trois cas d’usage IA ou d’automatisation à fort ROI à réaliser en 90 jours. Précisez pour chacun le problème, les données requises, les métriques de succès et la gouvernance.
- Renforcer la gouvernance. Mettez à jour votre cartographie des risques, intégrez les exigences ISSB, formalisez vos contrôles sur l’information durable à la lumière du COSO, et synchronisez vos priorités cyber avec la DSI selon le NIST CSF. Associez le juridique et les RH pour encadrer les usages d’IA et la formation.
- Investir dans les soft skills. Déployez des ateliers sur l’influence, la narration de données et la gestion des conflits. Bâtissez un programme de mentorat croisé pour vos hauts potentiels en finance. Mettez ces compétences au cœur de vos promotions et de votre succession.
Et du côté du marché des capitaux, si vos projets d’investissement incluent des dimensions d’impact, explorez les instruments de financement durable et les exigences des Green Bond Principles pour renforcer la crédibilité de votre démarche.
Ce que cela change dans la relation avec votre partenaire en recrutement et en conseil
Les attentes envers le CFO ayant évolué, vos partenaires doivent aussi évoluer. Pour les organisations qui souhaitent accélérer, il ne s’agit plus seulement de pourvoir un poste, mais d’aligner profil, culture, feuille de route de transformation et cadence d’exécution. Cela demande une compréhension fine des trajectoires locales, un sens aigu des signaux faibles dans les parcours et une capacité à évaluer autant le potentiel d’influence que l’excellence technique.
Chez Kenova, nous accompagnons des dirigeants et des comités de direction qui veulent structurer une fonction finance moderne et renforcer leur leadership financier. Qu’il s’agisse d’identifier un VP finance catalyseur, de faire évoluer un directeur des finances à l’interne, ou de sécuriser une transition tout en accélérant des chantiers clés, notre approche marie compréhension du métier, lecture culturelle et données de marché. Découvrez notre approche et nos perspectives directement sur notre site.
En bref
Le CFO de demain n’est pas un super technicien isolé. C’est un catalyseur capable d’orchestrer technologie, ESG, risque et humain pour créer de la valeur durable. Dans un monde où l’IA, la donnée et la vitesse redessinent la compétition, la différence se fera sur l’intégration de ces dimensions avec un leadership d’influence et une communication limpide. Les organisations qui repensent dès maintenant leurs attentes envers leur direction financière et investissent dans les soft skills, la gouvernance des données et la résilience seront celles qui captureront le plus de valeur.
Prêt à cartographier votre feuille de route financière et à identifier le profil qui fera une vraie différence pour votre transformation? Échangeons. Que vous souhaitiez auditer vos capacités, développer un talent interne ou recruter un CFO catalyseur, contactez notre équipe pour une conversation confidentielle et pragmatique.